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On m'a raconté qu'il existait un monde enchanté où les elfes étaient les gardiennes de la nature et de la magie. Ces êtres mystiques étaient dotés de pouvoirs surnaturels, vivaient dans des forêts luxuriantes et des grottes cachées.
Elles étaient connues pour leur beauté éblouissante, leurs oreilles en pointe, leurs ailes délicates et leurs robes scintillantes. Elles étaient associées à la bienveillance et à la protection, veillant sur les animaux, les plantes et les êtres humains.
Les elfes étaient également réputées pour leur capacité à exaucer les souhaits et à réaliser des prodiges. On racontait que si l'on rencontrait une fée, il fallait lui demander gentiment et avec respect un vœu, et elle pourrait l'accorder.
Certaines elfes étaient spécialisées dans la guérison, utilisant leurs pouvoirs magiques pour soulager les maux et les maladies. D'autres étaient des elfes de la nature, capables de faire pousser des fleurs, de contrôler les éléments et de calmer les tempêtes. Chaque elfe avait son propre domaine et ses propres pouvoirs uniques, mais toutes partageaient un amour profond pour la nature et une volonté de préserver l'équilibre dans le monde.
Modèle : Véronique France
Les elfes et les fées sont des créatures mythiques souvent représentées comme de petites femmes aux ailes délicates. Elles sont souvent associées à la magie et la nature.
Dans de nombreuses cultures à travers le monde, les elfes et les fées sont considérées comme des protectrices de la nature et des gardiennes de la forêt.
On dit qu'elles résident dans des endroits enchantés tels que les jardins fleuris, les ruisseaux cristallins et les clairières secrètes. Les elfes et les fées sont également connues pour leur beauté éthérée et leur capacité à voler gracieusement avec leurs ailes scintillantes.
Elles sont souvent représentées vêtues de robes lumineuses et portant des couronnes de fleurs, ajoutant à leur aura de mystère et de magie.
Les légendes et les histoires autour des elfes et des fées ont captivé l'imagination des gens depuis des siècles, donnant vie à des récits enchantés remplis de merveilles et de féérie.
Je pensai qu'il n'en existait qu'en forêt de Brocéliande...
Modèle : Anne Delaunay-Ladevèze
Un vieil homme m'avait dit un jour :
-"Il n’y a pas qu’en bois de Brocéliande qu'existent les êtres enchantés."
J’ai voulu en avoir le cœur net et je suis parti, un jour de printemps ensoleillé, dans un bois proche de chez moi. Pas un petit bois ou l’on rencontre les nains, non, j’avais déjà eu l’occasion de les rencontrer. Non, un bois ou l’espace permet aux elfes et aux fées de se cacher, de partir en courant au moindre danger, de nous surveiller de loin en riant sans qu’on les entende.
Il me fallut faire quelques kilomètres pour trouver celui qui convenait à ma quête. Six heures du matin, c’est très tôt, mais il fallait bien ce sacrifice pour avoir une petite chance de les apercevoir.
Je connaissais un bois où les oiseaux chantaient toute l'année. Peut-être serait-il le bon. Après quelques pas sur une sente couverte de feuilles tombées à l’automne dernier, j’ai reconnu le chant du merle. Le merle est un chanteur invétéré qui sait égailler les fraiches renaissances du jour. J’ai reconnu aussi les pinsons avec leurs chants répétitifs qui disent « Cui-cui-cui, mes biscuits sont cuits ».
Ce matin-là, ils me disaient « Nice to meet you », nous sommes heureux de te rencontrer. Était-ce un signe du destin ? Allais-je enfin rencontrer les êtres enchantés de la forêt ?
Les brindilles sèches craquaient sous mes pieds. Je me retournais au moindre bruit. Je croyais les entendre. Un tronc mal placé me surpris et m’obligea à me raccrocher à une branche pour ne pas tomber. "Frashhh" fit le rameau en se courbant. Tous les oiseaux se turent et un vent doux glacé me parcouru le dos.
Elles étaient là, devant moi. Elles étaient cinq. Certaines riaient de ma déconvenue et d’autres me semblaient plus exigeantes. Elles étaient toutes magnifiques. Je ne savais pas encore le rôle de chacune et si l’une d’entre elles gouvernait les autres. Je ne savais pas à qui m’adresser. Une voix multiple retentit au plus profond de moi :
- "Bonjour. Tu es le bienvenu ici. Tu as souhaité nous rencontrer, c’est chose faite. Nous allons te raconter nos histoires et surtout ne les divulgue pas."
Et elles se mirent à rirent, surtout la cinquième.
"Ne les divulgue pas". Était-ce du second degré ? Était-ce, le contraire, une injonction à raconter leur existence ?
Modèles : Léa Millot, Brune Yssande, Veronique France, Anne Delaunay Ladevèze et Mélisse Sandre
Les oiseaux s’étaient remis à chanter et l’air était redevenu doux. Je ne sentais plus mes douleurs. J’étais enchanté de ma rencontre avec les êtres de la forêt. Une joie mêlée d’une peur insidieuse.
Ma vision était de plus en plus claire. Trois des elfes étaient armées. Deux d’entre-elles portaient un arc et disposaient de suffisamment de flèches droites et acérées pour ne pas laisser partir blessé un gibier touché par un premier jet. Tous mes mouvements semblaient épiés, je ne me risquais pas à bouger. Je n’osais plus penser non plus. Il me semblait que les portes de mon cerveau étaient, pour elles, grandes ouvertes.
En un clin d'œil, une des elfes avait disparu du groupe. C’était celle qui portait l’épée. J’avais été impressionné par son regard inquisiteur. Elle n’était plus là.
J'entendis, derrière moi, le déplacement rapide d’une lame, comme un souffle feutré. Devais-je me retourner ? Sans penser, ma tête pivota doucement en direction du bruit de respiration qu'avait fait la lame. L’elfe manquante était là. L’épée au-dessus de sa tête verdoyait et faisait apparaitre feuilles et fougères, couleurs et teintes, lumières et éclats.
Le spectacle était magnifique.
- "Que fait tu dans l’histoire de ton livre ?" me dit-elle."
Je ne savais quoi répondre. Je n’étais pas dans l’histoire de mon livre. Mes visions étaient bien réelles. Je me pinçais.
- "Même pas mal" dis-je au fond de moi.
Cela la fit rire. Les portes de mon cerveau étaient bien ouvertes.
- "Tu es là pour raconter la suite de l’histoire. La princesse a hâte de savoir ce qui lui arrive. Le fils de l’élan et Féverte nous ont parlé de toi. Tu es vraiment le bienvenu ici mais avant de continuer ton histoire, tu vas rester avec nous le temps de nous permettre de te dévoiler un peu de notre vie ici dans les bois. Le veut-tu ?"
Avant que je n’ouvre la bouche, elle savait que j’avais dit : « Oui ».
Modèle : Mélisse Sandre
L’elfe aux cheveux blonds s’appelait « Fée Brune ». Je ne cherchais pas à comprendre, le nom lui allait bien.
Les oiseaux chanteurs me disaient de m’enfoncer plus loin dans la forêt. La fée acquiesça de la tête et je suivi les oiseaux en me faufilant plus loin dans les feuillus. L’air y était plus chaud puis plus frais, enfin glacial avant de redevenir doux.
Les saisons semblaient passer à toute allure sur le chemin qui me conduisait à une belle lueur orangée.
Appuyée contre deux troncs d’arbre la fée à l’épée faisait tourner les saisons en nettoyant son sabre. Elle avait ramassé quelques feuilles pour faire briller le métal et la magie opérait. Les feuilles volaient. Au loin on entendait le brame, les grues survolaient les étangs, les nuages devenaient noir et les feuillages prenaient des teintes rouges, jaunes et orangées. Nous étions passé du printemps à l’automne en quelques frottement. J’en étais abasourdi. Je pensais que seule Féverte avait le pouvoir d’accélérer le temps.
La fée Mélisse, c’est ainsi qu’elle se faisait appeler, me dit qu’elle n’accélérait pas le temps car le temps n’existait pas. Il lui suffisait de tourner son épée à droite ou à gauche, en haut ou en bas pour que l’hiver, l’automne, l’été ou le printemps apparaisse.
- "Mais, ce doit être un beau désordre", lui dis-je, "si les saisons dépendent de l’orientation de ton arme."
- "Sache petit". Elle m’appelait "petit", c’est mieux que "mon gros", je l’acceptais.
- "Sache petit", répétât-elle, "que je suis très ordonnée, jamais je ne tourne mon épée en désordre. Aujourd’hui, c’est l’automne."
- "Mais ce n’est pas l’automne, nous sommes au printemps."
- "Depuis combien de temps est tu avec nous ?"
- Deux, trois heures, pas plus", lui répondis-je.
Elle se mit à rire.
modèle : Mélisse Sandre
Un peu chagriné par le rire de l'elfe Mélisse je m'en suis retourné sur le lieu où j'avais rencontré l'ensemble des elfes. Elles n'étaient plus là, sauf une.
Elle portait un sourire doux et des yeux bienveillants. Une grande griffe lui contournait l'oeil gauche. Elle tenait dans ses mains un jeune dragon rouge qu'elle faisait grandir par petit coups de souffles étoilés.
Le dragon semblait tranquille quoique, de temps en temps, si je m'approchais trop, il jetait un souffle rauque. L'odeur de soufre me faisait reculer d'un pas.
Elle souffla encore et le dragon qui n'avait que la taille d'un oeuf grandit encore jusqu'à faire dépasser ses ailes sur les bords des mains qui le portaient.
Le souffle de l'elfe faisait voler des pétales de roses et des fleurs colorées. Tombées au sol, les pétales devenaient des rosiers, les fleurs coulaient en ruisseaux rapides devant elle et quittaient la forêt pour embaumer les prairies alentour.
L'elfe de la renaissance était devant moi. Elle élevait les dragons, ces créatures intimement attachées à la terre et cependant capables de voler. Ils s'opposaient à la foudre et au tonnerre. Ils représentaient le calme et la sérénité. Ils étaient les représentant d'un des éléments important de la vie terrestre : le feu.
Modèle : Léa Millot
Modèle 3D : le dragon 'Argenturam' de Loot Studios et cranes d'oiseau de Baktilus.
L'elfe archer parlait aux animaux. Elle comprenait leur langage et pouvait interpréter chacun de leurs accents sans difficulté. Je l'entendais siffler les oiseaux et gronder les loups. Les insectes l'aimaient, elle faisait attention à chaque pas de ne pas les broyer.
Cependant une coccinelle, trop proche, eut la patte écrasée. L'elfe entendit son cri, se baissa et la pris au creux de sa main.
Je voyais plus que j'entendais leur discussion. L'elfe semblait s'excuser, ses yeux étaient humides. La coccinelle semblait dire : "ce n'est rien" en cachant la patte douloureuse sous une élytre aux points noir sur fond de rouge saturé. L'elfe sourit et la coccinelle s'envola dans un bruit d'ailes cornées.
L'elfe redoubla de prudence marchant avec la pointe des pieds. On aurait dit une danseuse, légère.
Oui, les elfes sont légères.
Avez vous déjà vu leurs traces dans les forêts ? Non ? Pourtant, elles sont là.
Ecoutez les oiseaux, s'ils parlent parfois le langage des elfes, c'est qu'elles sont présentes à leur coté.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
Le chant des ruisseaux devint plus violent, les oiseaux s'envolèrent sans un cri, les arbres remuaient depuis leurs racines jusqu'à leurs cimes, les feuillages s'étaient redressés. Les couleurs s'estompaient peu à peu. Ma vue se troublait. Une chose étrange se passait.
Un cri, un grand cri traversa les monts et les rivières. Non, ce n'était pas un cri mais un sifflement aigüe, un gémissement à vous arracher les oreilles. Une chose en moi se transformait, ma perception des sons devenait plus fine, plus raffinée. Mes oreilles poussaient, s'étiraient, se développaient. J'entendais la moindre feuille poussée par le vent, j'entendait la discussion des arbres.
La moquerie des animaux, surtout celle des petits rongeurs m'était compréhensible. Au loin, j'entendais le bruit de la ville, je percevais les machines des usines qui suaient leurs huiles, j'entendais les riches s'empiffrer et les pauvres pleurer. Cela m'était insupportable.
L'elfe responsable du clan intervint.
- "Mais que fait tu ma chère Anne".
Je su alors que l'elfe à l'arc s'appelait Anne.
- "Arrête cela tout de suite. Il n'a pas besoin de devenir un elfe comme nous, ça le tuerait."
Anne saisi une rose au feuillage bleu, la serra fort dans ses doigts et tout s'arrêta.
Je me souviendrais toujours de ce moment insupportable. Non, la vie des elfes ne doit pas être drôle tous les jours.
L'elfe responsable du clan avait lu dans mes pensées.
- "Ne t'inquiètes pas, nous sommes habitués a tout ce vacarme, nous savons n'en prendre que le plus beau. Un petit conseil : continue à écouter les oiseaux."
Un "siiih" appuyé et sonore retentit, je reconnu le chant de l'accenteur mouchet. Aussitôt suivi par un chant flûté et sonore très rythmé. c'était comme des éclats de voix avec une succession rapide de syllabes mélodieuse. C'était la fauvette à tête noire qui me saluait.
Redevenues normales, je n'avais pas perdu mes oreilles et je comprenais mieux le chant des oiseaux.
J'étais heureux.
Modèle : Anne Anne Delauney-Ladevèze
Un peu sonné à l’idée de me savoir, sans l’avoir voulu, à l’intérieur de mon histoire j’aurai pu avoir mal à la tête mais non, j’étais merveilleusement bien avec cette sensation bizarre de rêver dans la réalité.
On m’avait confié à une elfe aux cheveux blonds, bottines de cuir et ceinture de métal. L’impression que cette elfe était une protagoniste que je connaissais déjà. Elle était là, dans cet éveil anesthésié, dans sa vraie nature. Dans la vraie vie, il me semblait qu’elle n’était pas elle, elle semblait jouer le rôle qu’on lui imposait.
Il me fallait chasser cette idée. Non, dans ma vie à moi, je ne la connaissais pas. C’était une elfe qui vivait, elle, sa vraie vie. Je n’avais toujours pas mal à la tête mais il me fallait cesser mes hallucinations de réalité. Elle me parlait sans que je l’entende, elle me montrait comment manier l’arc et placer la flèche. Elle me disait que le plus difficile était de surveiller toutes les positions d’où pouvait surgir un danger ou un éventuel repas.
Les elfes n’étaient pas versées à manger tous les jours de la viande. Les animaux étaient plutôt leurs amis. A quoi pouvait lui servir son carquois, ses flèches et son arc ?
Autour d’elle je pouvais voir les cibles qui l’intéressaient, elles se matérialisaient non pas en mires mais en spirales qui suivaient l’aiguillon de sa flèche. C’est alors que ma guide se figea. Une spirale était devenue fluorescente. L’elfe se déplaça sans mouvement. De l’orée du bois elle était retournée en moins d’une fraction de seconde, en forêt. Elle était juchée sur un tronc couché, sa flèche visait la gueule d’une créature étrange aux dents de fougères lumineuses.
C’était la tâche qui lui était réservée, repousser les cauchemars, les égarements et les maladies. Il lui fallut peu de temps pour repousser la bête. Elle était satisfaite.
- "Tu vois", me dit-elle, "ma tâche est d’éloigner les épouvantes et les frayeurs".
- "Et tu gagnes chaque fois ?" dis-je imbécilement,
- "Il y en a des plus difficiles, des tenaces. Les peurs paniques m’incitent souvent à abandonner mais elles me connaissent mal. Mon combat peut être long mais j’ai toujours su repousser même les plus grands désarrois".
J’étais ému. Le plus impressionnant c'est qu'il me semblait avoir été allégé d’un cauchemar tenace.
Je ne me souvenais plus d'aucun de mes tourments.
Modèle : Brune Yssande
Elle était restée assise dans une partie du bois qu'elle seule connaissait parfaitement. Il y avait là des feuillus majestueux et des arbres abattus par la tempête. L'un d'eux lui servait de siège. Elle semblait transmettre les pouvoirs du feu au bébé dragon qu'elle tenait dans sa main droite.
Comme tout débutant, le jeune dragon crachait des souffles chauds qui partaient dans tous les sens. Heureusement, il prenait soin de ne pas toucher à l'elfe et ses flammes partaient en cercles derrière lui.
Elle lui transmettait le savoir qu'il devait posséder pour combattre foudres et tonnerres. Elle était calme, déterminée, pleine de bienveillance envers cette petite créature. Elle savait qu'il aurait à combattre plus que la foudre et le tonnerre mais elle ne lui dit pas.
Le dragon avait sans doute lu dans mes pensées, dans un souffle rauque il m'enveloppa d'un cercle de flamme brulant. L'elfe de la renaissance sourit.
Le jeune dragon savait maintenant contrôler le feu.
Ma barbe en fit les frais.
Modèle : Léa Millot
Elle avait le contrôle des nuages et savait faire apparaitre le soleil. Le jour et la nuit écoutaient ses conseils.
Il m'avait semblé qu'elle dirigeait le clan, que son pouvoir était immense. Les autres elfes respectaient ses décisions, d'autant que ses décisions étaient partagées. Il fallait quelqu'un qui résume la pensée de tous et c'était elle qui s'en chargeait.
Elle s'écartait de mon chemin la plupart du temps.
Je la surpris dans une clairière, au bout d'un chemin de ronces et de roses sauvages.
Elle fabriquait des nuages en prenant l'énergie de la terre. J'étais sûr qu'elle aurait pu jouer avec les volcans, avec les tsunamis ou les tornades.
Son pouvoir était immense.
modèle : Veronique France
Beaucoup de nuages avaient été créés si bien que le ciel s'en était assombrit.
La forêt devint noire et un vent frais se mit à parcourir les branches faisant bruisser les feuilles et tomber les rameaux morts. Au sol les feuilles séchées de l'automne se soulevaient légèrement.
La maitresse des lieux en avait l'habitude. Il fallait un peu de mauvais temps pour apprécier le soleil. Elle tourna cependant le cercle de branches qui lui avait permis de fabriquer les nuages. Ce mouvement changea tout.
Le soleil vint immédiatement lui parler, la clairière se remplit d'une belle lumière jaune, chaude et réconfortante.
Le jour était revenu.
Modèle : Veronique France
Elle avait posé son arc et s'éloignait de la forêt en suivant le ruisseau de fleur que l'elfe de la renaissance avait généré. Elle avait l'air triste et chagrinée. Elle semblait avoir un lourd secret, une confidence cachée qu'elle seule pouvait protéger. Elle était d'habitude tellement heureuse, enjouée et parfois légèrement coquine que son état me chagrinait.
Je m'approchais. Je savais qu'elle pouvait lire dans mes pensées. Je songeais aux problèmes qui pouvaient la troubler.
Sa voix résonna dans tout mon corps, ce son me raisonna.
- "Est-ce qu'un jour les hommes seront sensés ? Leurs enfants ont droit à une belle vie. Comment peuvent-ils ne regarder que leur nombril ? Il sera bientôt trop tard pour agir. Le lourd secret que je porte, tout le monde le connais mais personne ne veut y croire. Cela me rend triste et malheureuse. Que puis-je faire ?"
- "Ils savent. Tu ne peux plus rien pour eux." pensai je, "La solution est entre leurs mains".
Je retournais dans la forêt la tête baissée. Moi non plus je n'avais plus le moral.
Un écureuil se posa sur mon épaule et avec sa tête releva mon menton. "Les animaux survivront" me dis-je et cela me réconforta un peu.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
L'écureuil insistait pour que je lève la tête, que mes yeux ne regardent plus le sol. Il me priait de retrouver ma fierté, de me redresser, de regarder les choses en face.
C'est là que j'aperçu l'elfe du renouveau. Elle puisait avec poésie dans ce qui ressemblait à une énorme goutte d'eau. Elle puisait de l'énergie qu'elle régénérait en flore multicolore, en feuillages lumineux en nues étoilées.
- "Ne t'inquiètes pas tant car tu ne sais pas encore regarder l'espoir. La prise de conscience des humains est en cours. Il leur faudra encore beaucoup de temps pour se changer et transmettre de pays en pays. Il y aura des périodes difficiles mais elles ne dureront pas. Garde l'espoir."
L'écureuil sauta sur une branche, monta au plus haut de l'arbre et disparut dans les feuillages.
J'entendais de nouveau les ruisseaux chanter et les oiseaux couler en murmures leurs chants de bienvenue.
Modèle : Léa Millot
C'était une journée comme les autres et les elfes étaient déjà toutes à leurs tâches. L'elfe du renouveau était à la cueillette des fleurs magiques pour la fabrication des tisanes de bonheurs simples.
Elle m'en confia la recette. Merci de ne pas la diffuser.
La tisane se prépare en diluant les parties sèches à la décoction contenue dans une seule fiole et en ajoutant de l'eau de source chantante. Attention à ne pas faire chauffer trop longtemps, les brulures de cette tisane font rire pendant trois jours.
C'est aussi simple que ça le bonheur d'une bonne tisane elfique...
Modèle : Léa Millot
Plus je retrouvais les elfes et plus elles semblaient se transformer. Etais-ce mon regard sur elles ? Avaient-elle changé de tenues.
La forêt disparaissait parfois pour laisser leur belle âme se montrer.
L'elfe Mélisse n'était plus entourée de lueurs évanescentes. Les saisons qu'elle maîtrisait à la perfection n'étaient plus que le printemps.
Elle était princesse.
Je me pinçais de nouveau. J'étais bien dans la réalité. J'étais dans leur réalité. Si tant est que la chance qui m'était donné de les voir était un cadeau.
Comment pourrais-je expliquer mes visions moi qui ne fume plus rien depuis plus de quarante ans.
Il me fallait les dessiner mais, même si mon coup de crayon n'est pas trop vilain, il y avait trop de détails à saisir, trop de fleurs, trop de beauté, d'ombres et de lumières, de pleins et de déliés.
Je finis par lui dire que je la trouvait belle. Elle me sourit puis disparut en un souffle.
Comment voulez-vous que je la dessine maintenant ? Je n'ai même plus le modèle devant moi...
Modèle : Mélisse Sandre
Il faisait déjà presque nuit, mes yeux laissaient passer la fatigue en me déformant le cristallin. Je voyait de plus en plus flou.
L'évaporation brutale de l'elfe Melisse m'avait mis dans un état proche de la perte de conscience, vous savez, ce moment où la puissance du sommeil commence, petit à petit, à prendre le dessus sur la réalité, laisse se fondre la nuit et signe le départ pour les rêves. C'est un état que j'aime bien à mi-chemin entre le lâche abandon de la réalité et les merveilles de l'imaginaire.
J'aime la nature et plus particulièrement les papillons. Ces êtres sont graciles et semblent fragiles mais savent par vents fort passer entre deux brins d'herbe qui s'agitent en tout sens. J'admire leur habileté à se frayer des chemins pour suivre les phéromones laissés par le sexe opposé, pour se retrouver, se faire la cour et tournoyer dans les rayons du soleil.
Ils n'ont, comme beaucoup d'animaux, que quelques consignes à suivre : manger, ne pas être mangé et faire survivre l'espèce.
Pour dormir, je pense souvent à eux. Ils m'éloignent des tracas du quotidiens et m'emmènent dans le pollen des fleurs, les forêts de magies et les herbes hautes que le soleil traverse tendrement.
J'allais dormir tout à fait quand une lueur attira mon attention. Au milieu de la clairière l'elfe chrysalide, tourmentée par la folie des hommes, était là, transformée elle aussi.
Papillon de nuit cherchant le soleil, elle rayonnait les yeux levés vers la lune pleine de la nuit.
Mes paupière lourdes eurent le dessus. Je fermais une fois les yeux, les relevaient. Mes jambes ne me portaient plus. Un tas de feuille me servit de matelas pour la nuit. j'ouvris une dernière fois les yeux, Elle était toujours là.
Mes yeux retombèrent une dernière fois. Une nuée de papillons emplirent mes rêves.
Je n'en avait jamais connu d'aussi beaux.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
A mon réveil, elle était toujours là.
- "Tu es enfin réveillé" me dit-elle.
Je répondis par un bâillement. Je n'avais jamais aussi bien dormi depuis ma sortie de la maternité.
Elle était là à se réchauffer dans un rayon de soleil. Ailes déployées, elle barrait le passage d'un chemin plein de mystère.
- "Où mène ce chemin, derrière toi ?", lui demandais-je.
- "Quel chemin ? Où ça un chemin ?"
- "Derrière toi" insistais-je.
Elle se retourna et fut surprise de ce qu'elle voyait.
- "Il y a si longtemps", murmurât-elle.
Mes yeux étaient grands ouverts, je ne comprenais pas. Les choses me paraissaient simples, elles ne l'étaient pas.
- "Je ne peux tout te révéler, le monde des elfes a ses secrets. Ce que tu vois là, tu n'aurais jamais du le voir."
Mes paupières se fronçaient. J'entendais fort ma respiration. D'instinct je caressais mes oreilles. Non, elles n'avait pas repoussé.
-"Dis-moi-en plus. Tu ne peux pas me laisser comme ça."
-"Tu en sais déjà beaucoup trop. J'ai bien peur que tu ne puisse retourner dans ton monde si je te dévoile ce secret."
Je respirais de nouveau à plein poumon. Je ne comprenais pas.
- "Promets moi de ne jamais parler ni dessiner ce que tu as vu", me demandât-elle.
Et, moi, bêtement, je lui promis. Avais je peur de ne plus rentrer chez moi ? Avais je peur de l'avenir que me prévoyais ce secret ? Je ne le dirais pas. Je n'avais pas envie de rentrer trop vite, il y avait tant de choses à découvrir dans le domaine des elfes.
-"Il n'y a pas de problème, tu peux rester encore un peu mais ne dit rien de tout ça aux autres elfes. Promet moi le."
Je lui promis.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
-"Mais que c'est-il passé ?" criait l'elfe Mélisse. "L'air est horriblement chaud, les odeurs de soufre, il y a bien longtemps que je ne les avais pas respiré."
Je la rejoignais.
Elle était là à se battre contre d'étranges esprits. Chacun de ses coups d'épée transformait la chose en papillons. Je n'osais pas lui raconter l'ouverture mystérieuse du chemin ni l'histoire secrète que ne souhaitais pas dévoiler l'elfe papillon. A cette pensée que j'avais de l'elfe papillon, Mélisse réagit.
- "Une des elfes est devenue papillon ? Ce n'est pas normal. Dit moi tout."
- "Je ne sais rien." Répondis-je en tremblant.
J'avais peur de rester coincé dans cette histoire et j'avais promis à l'elfe papillon de ne rien dire.
- "Tu mens. Je le sens. La situation est grave, tu sais. L'esprit que je combat est coriace, il n'est pas venu pour faire le bien. Mes coups d'épée ne pourront pas être d'une efficacité sur le long terme".
Elle reprit sa respiration.
-"J'ai besoin de l'aide d'autres elfes. Cours les chercher. Fais vite, le temps nous est compté."
Je m'élançais à travers la forêt, cherchant l'elfe de la renaissance et l'elfe qui maîtrisait les nuages, la lune et le soleil. Rien. Je ne voyais plus aucune trace de leur présence.
Après avoir couru pendant des heures et des heures, je tombais de fatigue. Je me laissais choir au milieu d'une clairière. Elle était là, au milieu d'un chemin qui mène à un petit étang où croassait des couples amoureux de grenouilles et de crapauds.
Je me relevais.
Modèle : Mélisse Sandre
Elle revenait du fin fond de la forêt et c'est peu dire car la forêt était grande.
Elle se pressait comme si elle avait un train à prendre et que l'heure tournait. Elle faisait des grands pas et j'entendais son souffle qui se rapprochait de moi.
Elle ne fit que passer.
L'arme à la main, elle savait où elle allait. Il n'y avait pas de temps à perdre et à passer en discussion. L'heure semblait grave et toutes les elfes s'étaient donné rendez-vous.
Je ne savais pas où.
Je la suivais.
Modèle : Brune Yssande
Lorsque je les retrouvais enfin, elles étaient là, rassemblées, l'air apaisées. Elles avaient fait disparaitre 'la chose'.
Je crois que jamais je ne saurai de quoi il s'agissait.
Elles semblaient heureuses. Je n'avais pas envie de leur poser de questions. Au fond de moi, je savais qu'il me faudrait une autre quête pour découvrir leur secret.
Elles me montrèrent le chemin du retour. Je fis trois pas avant de me retourner. Elles avaient gardé leurs sourires naturels et des yeux bienveillants. Je leur accordais un sourire attristé.
Je fis encore quelques pas avant de me retourner à nouveau.
Elles n'étaient plus là.
Modèles : Brune Yssande, Mélisse Sandre, Léa Millot, Veronique France, Anne Delauney-Ladevèze
Sur le chemin de retour, la nuit commençait à tomber, le soleil montrait son plus bel éclat de sang et de feu. Un vent léger soulevait la poussière de l'été. Je songeais à mes elfes et à leur secret. Que s'était-il passé ? Pourquoi le passage s'était-il ouvert ? Avaient-elles réussi à le refermer ? Comment ?
Plongé dans mes pensées, mon pas était lourd, le cuir de mes chaussures amassait une poudre blanche de terre desséchée. Je n'entendais pas les oiseaux ni les flûtes du vent. Je marchais, tête baissée, un bras ballant, l'autre dans la poche du pantalon.
De temps en temps, je portais la main près du menton, me caressai la barbe. Je n'avais pas de réponses à mes questions.
Une fleur jaune dans l'herbe verte fit sortir mon esprit de la torpeur. Pourquoi cette fleur jaune bougeait tant. Il n'y avait pas de vent ou si peu. Elle ne devait pas frémir ainsi.
C'est alors que des êtres légers, aux ailes flamboyantes passèrent sur le chemin. Elles semblaient s'enfuir du bois que j'avais quitté.
Devant elles, la poussière que le soleil rougeoyait, s'électrisait en volutes et motifs spiralés. Pas le temps de leur parler, elles disparurent au loin laissant derrière elles de drôles de cercles blancs.
Je restais coi. figé au bord du chemin comme une statue de sel biblique, mon esprit me commandait de revenir sur mes pas.
Modèles : troupe Liberta - Savie Danse
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On m'a raconté qu'il existait un monde enchanté où les elfes étaient les gardiennes de la nature et de la magie. Ces êtres mystiques étaient dotés de pouvoirs surnaturels, vivaient dans des forêts luxuriantes et des grottes cachées.
Elles étaient connues pour leur beauté éblouissante, leurs oreilles en pointe, leurs ailes délicates et leurs robes scintillantes. Elles étaient associées à la bienveillance et à la protection, veillant sur les animaux, les plantes et les êtres humains.
Les elfes étaient également réputées pour leur capacité à exaucer les souhaits et à réaliser des prodiges. On racontait que si l'on rencontrait une fée, il fallait lui demander gentiment et avec respect un vœu, et elle pourrait l'accorder.
Certaines elfes étaient spécialisées dans la guérison, utilisant leurs pouvoirs magiques pour soulager les maux et les maladies. D'autres étaient des elfes de la nature, capables de faire pousser des fleurs, de contrôler les éléments et de calmer les tempêtes. Chaque elfe avait son propre domaine et ses propres pouvoirs uniques, mais toutes partageaient un amour profond pour la nature et une volonté de préserver l'équilibre dans le monde.
Modèle : Véronique France
Les elfes et les fées sont des créatures mythiques souvent représentées comme de petites femmes aux ailes délicates. Elles sont souvent associées à la magie et la nature.
Dans de nombreuses cultures à travers le monde, les elfes et les fées sont considérées comme des protectrices de la nature et des gardiennes de la forêt.
On dit qu'elles résident dans des endroits enchantés tels que les jardins fleuris, les ruisseaux cristallins et les clairières secrètes. Les elfes et les fées sont également connues pour leur beauté éthérée et leur capacité à voler gracieusement avec leurs ailes scintillantes.
Elles sont souvent représentées vêtues de robes lumineuses et portant des couronnes de fleurs, ajoutant à leur aura de mystère et de magie.
Les légendes et les histoires autour des elfes et des fées ont captivé l'imagination des gens depuis des siècles, donnant vie à des récits enchantés remplis de merveilles et de féérie.
Je pensai qu'il n'en existait qu'en forêt de Brocéliande...
Modèle : Anne Delaunay-Ladevèze
Un vieil homme m'avait dit un jour :
-"Il n’y a pas qu’en bois de Brocéliande qu'existent les êtres enchantés."
J’ai voulu en avoir le cœur net et je suis parti, un jour de printemps ensoleillé, dans un bois proche de chez moi. Pas un petit bois ou l’on rencontre les nains, non, j’avais déjà eu l’occasion de les rencontrer. Non, un bois ou l’espace permet aux elfes et aux fées de se cacher, de partir en courant au moindre danger, de nous surveiller de loin en riant sans qu’on les entende.
Il me fallut faire quelques kilomètres pour trouver celui qui convenait à ma quête. Six heures du matin, c’est très tôt, mais il fallait bien ce sacrifice pour avoir une petite chance de les apercevoir.
Je connaissais un bois où les oiseaux chantaient toute l'année. Peut-être serait-il le bon. Après quelques pas sur une sente couverte de feuilles tombées à l’automne dernier, j’ai reconnu le chant du merle. Le merle est un chanteur invétéré qui sait égailler les fraiches renaissances du jour. J’ai reconnu aussi les pinsons avec leurs chants répétitifs qui disent « Cui-cui-cui, mes biscuits sont cuits ».
Ce matin-là, ils me disaient « Nice to meet you », nous sommes heureux de te rencontrer. Était-ce un signe du destin ? Allais-je enfin rencontrer les êtres enchantés de la forêt ?
Les brindilles sèches craquaient sous mes pieds. Je me retournais au moindre bruit. Je croyais les entendre. Un tronc mal placé me surpris et m’obligea à me raccrocher à une branche pour ne pas tomber. "Frashhh" fit le rameau en se courbant. Tous les oiseaux se turent et un vent doux glacé me parcouru le dos.
Elles étaient là, devant moi. Elles étaient cinq. Certaines riaient de ma déconvenue et d’autres me semblaient plus exigeantes. Elles étaient toutes magnifiques. Je ne savais pas encore le rôle de chacune et si l’une d’entre elles gouvernait les autres. Je ne savais pas à qui m’adresser. Une voix multiple retentit au plus profond de moi :
- "Bonjour. Tu es le bienvenu ici. Tu as souhaité nous rencontrer, c’est chose faite. Nous allons te raconter nos histoires et surtout ne les divulgue pas."
Et elles se mirent à rirent, surtout la cinquième.
"Ne les divulgue pas". Était-ce du second degré ? Était-ce, le contraire, une injonction à raconter leur existence ?
Modèles : Léa Millot, Brune Yssande, Veronique France, Anne Delaunay Ladevèze et Mélisse Sandre
Les oiseaux s’étaient remis à chanter et l’air était redevenu doux. Je ne sentais plus mes douleurs. J’étais enchanté de ma rencontre avec les êtres de la forêt. Une joie mêlée d’une peur insidieuse.
Ma vision était de plus en plus claire. Trois des elfes étaient armées. Deux d’entre-elles portaient un arc et disposaient de suffisamment de flèches droites et acérées pour ne pas laisser partir blessé un gibier touché par un premier jet. Tous mes mouvements semblaient épiés, je ne me risquais pas à bouger. Je n’osais plus penser non plus. Il me semblait que les portes de mon cerveau étaient, pour elles, grandes ouvertes.
En un clin d'œil, une des elfes avait disparu du groupe. C’était celle qui portait l’épée. J’avais été impressionné par son regard inquisiteur. Elle n’était plus là.
J'entendis, derrière moi, le déplacement rapide d’une lame, comme un souffle feutré. Devais-je me retourner ? Sans penser, ma tête pivota doucement en direction du bruit de respiration qu'avait fait la lame. L’elfe manquante était là. L’épée au-dessus de sa tête verdoyait et faisait apparaitre feuilles et fougères, couleurs et teintes, lumières et éclats.
Le spectacle était magnifique.
- "Que fait tu dans l’histoire de ton livre ?" me dit-elle."
Je ne savais quoi répondre. Je n’étais pas dans l’histoire de mon livre. Mes visions étaient bien réelles. Je me pinçais.
- "Même pas mal" dis-je au fond de moi.
Cela la fit rire. Les portes de mon cerveau étaient bien ouvertes.
- "Tu es là pour raconter la suite de l’histoire. La princesse a hâte de savoir ce qui lui arrive. Le fils de l’élan et Féverte nous ont parlé de toi. Tu es vraiment le bienvenu ici mais avant de continuer ton histoire, tu vas rester avec nous le temps de nous permettre de te dévoiler un peu de notre vie ici dans les bois. Le veut-tu ?"
Avant que je n’ouvre la bouche, elle savait que j’avais dit : « Oui ».
Modèle : Mélisse Sandre
L’elfe aux cheveux blonds s’appelait « Fée Brune ». Je ne cherchais pas à comprendre, le nom lui allait bien.
Les oiseaux chanteurs me disaient de m’enfoncer plus loin dans la forêt. La fée acquiesça de la tête et je suivi les oiseaux en me faufilant plus loin dans les feuillus. L’air y était plus chaud puis plus frais, enfin glacial avant de redevenir doux.
Les saisons semblaient passer à toute allure sur le chemin qui me conduisait à une belle lueur orangée.
Appuyée contre deux troncs d’arbre la fée à l’épée faisait tourner les saisons en nettoyant son sabre. Elle avait ramassé quelques feuilles pour faire briller le métal et la magie opérait. Les feuilles volaient. Au loin on entendait le brame, les grues survolaient les étangs, les nuages devenaient noir et les feuillages prenaient des teintes rouges, jaunes et orangées. Nous étions passé du printemps à l’automne en quelques frottement. J’en étais abasourdi. Je pensais que seule Féverte avait le pouvoir d’accélérer le temps.
La fée Mélisse, c’est ainsi qu’elle se faisait appeler, me dit qu’elle n’accélérait pas le temps car le temps n’existait pas. Il lui suffisait de tourner son épée à droite ou à gauche, en haut ou en bas pour que l’hiver, l’automne, l’été ou le printemps apparaisse.
- "Mais, ce doit être un beau désordre", lui dis-je, "si les saisons dépendent de l’orientation de ton arme."
- "Sache petit". Elle m’appelait "petit", c’est mieux que "mon gros", je l’acceptais.
- "Sache petit", répétât-elle, "que je suis très ordonnée, jamais je ne tourne mon épée en désordre. Aujourd’hui, c’est l’automne."
- "Mais ce n’est pas l’automne, nous sommes au printemps."
- "Depuis combien de temps est tu avec nous ?"
- Deux, trois heures, pas plus", lui répondis-je.
Elle se mit à rire.
modèle : Mélisse Sandre
Un peu chagriné par le rire de l'elfe Mélisse je m'en suis retourné sur le lieu où j'avais rencontré l'ensemble des elfes. Elles n'étaient plus là, sauf une.
Elle portait un sourire doux et des yeux bienveillants. Une grande griffe lui contournait l'oeil gauche. Elle tenait dans ses mains un jeune dragon rouge qu'elle faisait grandir par petit coups de souffles étoilés.
Le dragon semblait tranquille quoique, de temps en temps, si je m'approchais trop, il jetait un souffle rauque. L'odeur de soufre me faisait reculer d'un pas.
Elle souffla encore et le dragon qui n'avait que la taille d'un oeuf grandit encore jusqu'à faire dépasser ses ailes sur les bords des mains qui le portaient.
Le souffle de l'elfe faisait voler des pétales de roses et des fleurs colorées. Tombées au sol, les pétales devenaient des rosiers, les fleurs coulaient en ruisseaux rapides devant elle et quittaient la forêt pour embaumer les prairies alentour.
L'elfe de la renaissance était devant moi. Elle élevait les dragons, ces créatures intimement attachées à la terre et cependant capables de voler. Ils s'opposaient à la foudre et au tonnerre. Ils représentaient le calme et la sérénité. Ils étaient les représentant d'un des éléments important de la vie terrestre : le feu.
Modèle : Léa Millot
Modèle 3D : le dragon 'Argenturam' de Loot Studios et cranes d'oiseau de Baktilus.
L'elfe archer parlait aux animaux. Elle comprenait leur langage et pouvait interpréter chacun de leurs accents sans difficulté. Je l'entendais siffler les oiseaux et gronder les loups. Les insectes l'aimaient, elle faisait attention à chaque pas de ne pas les broyer.
Cependant une coccinelle, trop proche, eut la patte écrasée. L'elfe entendit son cri, se baissa et la pris au creux de sa main.
Je voyais plus que j'entendais leur discussion. L'elfe semblait s'excuser, ses yeux étaient humides. La coccinelle semblait dire : "ce n'est rien" en cachant la patte douloureuse sous une élytre aux points noir sur fond de rouge saturé. L'elfe sourit et la coccinelle s'envola dans un bruit d'ailes cornées.
L'elfe redoubla de prudence marchant avec la pointe des pieds. On aurait dit une danseuse, légère.
Oui, les elfes sont légères.
Avez vous déjà vu leurs traces dans les forêts ? Non ? Pourtant, elles sont là.
Ecoutez les oiseaux, s'ils parlent parfois le langage des elfes, c'est qu'elles sont présentes à leur coté.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
Le chant des ruisseaux devint plus violent, les oiseaux s'envolèrent sans un cri, les arbres remuaient depuis leurs racines jusqu'à leurs cimes, les feuillages s'étaient redressés. Les couleurs s'estompaient peu à peu. Ma vue se troublait. Une chose étrange se passait.
Un cri, un grand cri traversa les monts et les rivières. Non, ce n'était pas un cri mais un sifflement aigüe, un gémissement à vous arracher les oreilles. Une chose en moi se transformait, ma perception des sons devenait plus fine, plus raffinée. Mes oreilles poussaient, s'étiraient, se développaient. J'entendais la moindre feuille poussée par le vent, j'entendait la discussion des arbres.
La moquerie des animaux, surtout celle des petits rongeurs m'était compréhensible. Au loin, j'entendais le bruit de la ville, je percevais les machines des usines qui suaient leurs huiles, j'entendais les riches s'empiffrer et les pauvres pleurer. Cela m'était insupportable.
L'elfe responsable du clan intervint.
- "Mais que fait tu ma chère Anne".
Je su alors que l'elfe à l'arc s'appelait Anne.
- "Arrête cela tout de suite. Il n'a pas besoin de devenir un elfe comme nous, ça le tuerait."
Anne saisi une rose au feuillage bleu, la serra fort dans ses doigts et tout s'arrêta.
Je me souviendrais toujours de ce moment insupportable. Non, la vie des elfes ne doit pas être drôle tous les jours.
L'elfe responsable du clan avait lu dans mes pensées.
- "Ne t'inquiètes pas, nous sommes habitués a tout ce vacarme, nous savons n'en prendre que le plus beau. Un petit conseil : continue à écouter les oiseaux."
Un "siiih" appuyé et sonore retentit, je reconnu le chant de l'accenteur mouchet. Aussitôt suivi par un chant flûté et sonore très rythmé. c'était comme des éclats de voix avec une succession rapide de syllabes mélodieuse. C'était la fauvette à tête noire qui me saluait.
Redevenues normales, je n'avais pas perdu mes oreilles et je comprenais mieux le chant des oiseaux.
J'étais heureux.
Modèle : Anne Anne Delauney-Ladevèze
Un peu sonné à l’idée de me savoir, sans l’avoir voulu, à l’intérieur de mon histoire j’aurai pu avoir mal à la tête mais non, j’étais merveilleusement bien avec cette sensation bizarre de rêver dans la réalité.
On m’avait confié à une elfe aux cheveux blonds, bottines de cuir et ceinture de métal. L’impression que cette elfe était une protagoniste que je connaissais déjà. Elle était là, dans cet éveil anesthésié, dans sa vraie nature. Dans la vraie vie, il me semblait qu’elle n’était pas elle, elle semblait jouer le rôle qu’on lui imposait.
Il me fallait chasser cette idée. Non, dans ma vie à moi, je ne la connaissais pas. C’était une elfe qui vivait, elle, sa vraie vie. Je n’avais toujours pas mal à la tête mais il me fallait cesser mes hallucinations de réalité. Elle me parlait sans que je l’entende, elle me montrait comment manier l’arc et placer la flèche. Elle me disait que le plus difficile était de surveiller toutes les positions d’où pouvait surgir un danger ou un éventuel repas.
Les elfes n’étaient pas versées à manger tous les jours de la viande. Les animaux étaient plutôt leurs amis. A quoi pouvait lui servir son carquois, ses flèches et son arc ?
Autour d’elle je pouvais voir les cibles qui l’intéressaient, elles se matérialisaient non pas en mires mais en spirales qui suivaient l’aiguillon de sa flèche. C’est alors que ma guide se figea. Une spirale était devenue fluorescente. L’elfe se déplaça sans mouvement. De l’orée du bois elle était retournée en moins d’une fraction de seconde, en forêt. Elle était juchée sur un tronc couché, sa flèche visait la gueule d’une créature étrange aux dents de fougères lumineuses.
C’était la tâche qui lui était réservée, repousser les cauchemars, les égarements et les maladies. Il lui fallut peu de temps pour repousser la bête. Elle était satisfaite.
- "Tu vois", me dit-elle, "ma tâche est d’éloigner les épouvantes et les frayeurs".
- "Et tu gagnes chaque fois ?" dis-je imbécilement,
- "Il y en a des plus difficiles, des tenaces. Les peurs paniques m’incitent souvent à abandonner mais elles me connaissent mal. Mon combat peut être long mais j’ai toujours su repousser même les plus grands désarrois".
J’étais ému. Le plus impressionnant c'est qu'il me semblait avoir été allégé d’un cauchemar tenace.
Je ne me souvenais plus d'aucun de mes tourments.
Modèle : Brune Yssande
Elle était restée assise dans une partie du bois qu'elle seule connaissait parfaitement. Il y avait là des feuillus majestueux et des arbres abattus par la tempête. L'un d'eux lui servait de siège. Elle semblait transmettre les pouvoirs du feu au bébé dragon qu'elle tenait dans sa main droite.
Comme tout débutant, le jeune dragon crachait des souffles chauds qui partaient dans tous les sens. Heureusement, il prenait soin de ne pas toucher à l'elfe et ses flammes partaient en cercles derrière lui.
Elle lui transmettait le savoir qu'il devait posséder pour combattre foudres et tonnerres. Elle était calme, déterminée, pleine de bienveillance envers cette petite créature. Elle savait qu'il aurait à combattre plus que la foudre et le tonnerre mais elle ne lui dit pas.
Le dragon avait sans doute lu dans mes pensées, dans un souffle rauque il m'enveloppa d'un cercle de flamme brulant. L'elfe de la renaissance sourit.
Le jeune dragon savait maintenant contrôler le feu.
Ma barbe en fit les frais.
Modèle : Léa Millot
Elle avait le contrôle des nuages et savait faire apparaitre le soleil. Le jour et la nuit écoutaient ses conseils.
Il m'avait semblé qu'elle dirigeait le clan, que son pouvoir était immense. Les autres elfes respectaient ses décisions, d'autant que ses décisions étaient partagées. Il fallait quelqu'un qui résume la pensée de tous et c'était elle qui s'en chargeait.
Elle s'écartait de mon chemin la plupart du temps.
Je la surpris dans une clairière, au bout d'un chemin de ronces et de roses sauvages.
Elle fabriquait des nuages en prenant l'énergie de la terre. J'étais sûr qu'elle aurait pu jouer avec les volcans, avec les tsunamis ou les tornades.
Son pouvoir était immense.
modèle : Veronique France
Beaucoup de nuages avaient été créés si bien que le ciel s'en était assombrit.
La forêt devint noire et un vent frais se mit à parcourir les branches faisant bruisser les feuilles et tomber les rameaux morts. Au sol les feuilles séchées de l'automne se soulevaient légèrement.
La maitresse des lieux en avait l'habitude. Il fallait un peu de mauvais temps pour apprécier le soleil. Elle tourna cependant le cercle de branches qui lui avait permis de fabriquer les nuages. Ce mouvement changea tout.
Le soleil vint immédiatement lui parler, la clairière se remplit d'une belle lumière jaune, chaude et réconfortante.
Le jour était revenu.
Modèle : Veronique France
Elle avait posé son arc et s'éloignait de la forêt en suivant le ruisseau de fleur que l'elfe de la renaissance avait généré. Elle avait l'air triste et chagrinée. Elle semblait avoir un lourd secret, une confidence cachée qu'elle seule pouvait protéger. Elle était d'habitude tellement heureuse, enjouée et parfois légèrement coquine que son état me chagrinait.
Je m'approchais. Je savais qu'elle pouvait lire dans mes pensées. Je songeais aux problèmes qui pouvaient la troubler.
Sa voix résonna dans tout mon corps, ce son me raisonna.
- "Est-ce qu'un jour les hommes seront sensés ? Leurs enfants ont droit à une belle vie. Comment peuvent-ils ne regarder que leur nombril ? Il sera bientôt trop tard pour agir. Le lourd secret que je porte, tout le monde le connais mais personne ne veut y croire. Cela me rend triste et malheureuse. Que puis-je faire ?"
- "Ils savent. Tu ne peux plus rien pour eux." pensai je, "La solution est entre leurs mains".
Je retournais dans la forêt la tête baissée. Moi non plus je n'avais plus le moral.
Un écureuil se posa sur mon épaule et avec sa tête releva mon menton. "Les animaux survivront" me dis-je et cela me réconforta un peu.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
L'écureuil insistait pour que je lève la tête, que mes yeux ne regardent plus le sol. Il me priait de retrouver ma fierté, de me redresser, de regarder les choses en face.
C'est là que j'aperçu l'elfe du renouveau. Elle puisait avec poésie dans ce qui ressemblait à une énorme goutte d'eau. Elle puisait de l'énergie qu'elle régénérait en flore multicolore, en feuillages lumineux en nues étoilées.
- "Ne t'inquiètes pas tant car tu ne sais pas encore regarder l'espoir. La prise de conscience des humains est en cours. Il leur faudra encore beaucoup de temps pour se changer et transmettre de pays en pays. Il y aura des périodes difficiles mais elles ne dureront pas. Garde l'espoir."
L'écureuil sauta sur une branche, monta au plus haut de l'arbre et disparut dans les feuillages.
J'entendais de nouveau les ruisseaux chanter et les oiseaux couler en murmures leurs chants de bienvenue.
Modèle : Léa Millot
C'était une journée comme les autres et les elfes étaient déjà toutes à leurs tâches. L'elfe du renouveau était à la cueillette des fleurs magiques pour la fabrication des tisanes de bonheurs simples.
Elle m'en confia la recette. Merci de ne pas la diffuser.
La tisane se prépare en diluant les parties sèches à la décoction contenue dans une seule fiole et en ajoutant de l'eau de source chantante. Attention à ne pas faire chauffer trop longtemps, les brulures de cette tisane font rire pendant trois jours.
C'est aussi simple que ça le bonheur d'une bonne tisane elfique...
Modèle : Léa Millot
Plus je retrouvais les elfes et plus elles semblaient se transformer. Etais-ce mon regard sur elles ? Avaient-elle changé de tenues.
La forêt disparaissait parfois pour laisser leur belle âme se montrer.
L'elfe Mélisse n'était plus entourée de lueurs évanescentes. Les saisons qu'elle maîtrisait à la perfection n'étaient plus que le printemps.
Elle était princesse.
Je me pinçais de nouveau. J'étais bien dans la réalité. J'étais dans leur réalité. Si tant est que la chance qui m'était donné de les voir était un cadeau.
Comment pourrais-je expliquer mes visions moi qui ne fume plus rien depuis plus de quarante ans.
Il me fallait les dessiner mais, même si mon coup de crayon n'est pas trop vilain, il y avait trop de détails à saisir, trop de fleurs, trop de beauté, d'ombres et de lumières, de pleins et de déliés.
Je finis par lui dire que je la trouvait belle. Elle me sourit puis disparut en un souffle.
Comment voulez-vous que je la dessine maintenant ? Je n'ai même plus le modèle devant moi...
Modèle : Mélisse Sandre
Il faisait déjà presque nuit, mes yeux laissaient passer la fatigue en me déformant le cristallin. Je voyait de plus en plus flou.
L'évaporation brutale de l'elfe Melisse m'avait mis dans un état proche de la perte de conscience, vous savez, ce moment où la puissance du sommeil commence, petit à petit, à prendre le dessus sur la réalité, laisse se fondre la nuit et signe le départ pour les rêves. C'est un état que j'aime bien à mi-chemin entre le lâche abandon de la réalité et les merveilles de l'imaginaire.
J'aime la nature et plus particulièrement les papillons. Ces êtres sont graciles et semblent fragiles mais savent par vents fort passer entre deux brins d'herbe qui s'agitent en tout sens. J'admire leur habileté à se frayer des chemins pour suivre les phéromones laissés par le sexe opposé, pour se retrouver, se faire la cour et tournoyer dans les rayons du soleil.
Ils n'ont, comme beaucoup d'animaux, que quelques consignes à suivre : manger, ne pas être mangé et faire survivre l'espèce.
Pour dormir, je pense souvent à eux. Ils m'éloignent des tracas du quotidiens et m'emmènent dans le pollen des fleurs, les forêts de magies et les herbes hautes que le soleil traverse tendrement.
J'allais dormir tout à fait quand une lueur attira mon attention. Au milieu de la clairière l'elfe chrysalide, tourmentée par la folie des hommes, était là, transformée elle aussi.
Papillon de nuit cherchant le soleil, elle rayonnait les yeux levés vers la lune pleine de la nuit.
Mes paupière lourdes eurent le dessus. Je fermais une fois les yeux, les relevaient. Mes jambes ne me portaient plus. Un tas de feuille me servit de matelas pour la nuit. j'ouvris une dernière fois les yeux, Elle était toujours là.
Mes yeux retombèrent une dernière fois. Une nuée de papillons emplirent mes rêves.
Je n'en avait jamais connu d'aussi beaux.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
A mon réveil, elle était toujours là.
- "Tu es enfin réveillé" me dit-elle.
Je répondis par un bâillement. Je n'avais jamais aussi bien dormi depuis ma sortie de la maternité.
Elle était là à se réchauffer dans un rayon de soleil. Ailes déployées, elle barrait le passage d'un chemin plein de mystère.
- "Où mène ce chemin, derrière toi ?", lui demandais-je.
- "Quel chemin ? Où ça un chemin ?"
- "Derrière toi" insistais-je.
Elle se retourna et fut surprise de ce qu'elle voyait.
- "Il y a si longtemps", murmurât-elle.
Mes yeux étaient grands ouverts, je ne comprenais pas. Les choses me paraissaient simples, elles ne l'étaient pas.
- "Je ne peux tout te révéler, le monde des elfes a ses secrets. Ce que tu vois là, tu n'aurais jamais du le voir."
Mes paupières se fronçaient. J'entendais fort ma respiration. D'instinct je caressais mes oreilles. Non, elles n'avait pas repoussé.
-"Dis-moi-en plus. Tu ne peux pas me laisser comme ça."
-"Tu en sais déjà beaucoup trop. J'ai bien peur que tu ne puisse retourner dans ton monde si je te dévoile ce secret."
Je respirais de nouveau à plein poumon. Je ne comprenais pas.
- "Promets moi de ne jamais parler ni dessiner ce que tu as vu", me demandât-elle.
Et, moi, bêtement, je lui promis. Avais je peur de ne plus rentrer chez moi ? Avais je peur de l'avenir que me prévoyais ce secret ? Je ne le dirais pas. Je n'avais pas envie de rentrer trop vite, il y avait tant de choses à découvrir dans le domaine des elfes.
-"Il n'y a pas de problème, tu peux rester encore un peu mais ne dit rien de tout ça aux autres elfes. Promet moi le."
Je lui promis.
Modèle : Anne Delauney-Ladevèze
-"Mais que c'est-il passé ?" criait l'elfe Mélisse. "L'air est horriblement chaud, les odeurs de soufre, il y a bien longtemps que je ne les avais pas respiré."
Je la rejoignais.
Elle était là à se battre contre d'étranges esprits. Chacun de ses coups d'épée transformait la chose en papillons. Je n'osais pas lui raconter l'ouverture mystérieuse du chemin ni l'histoire secrète que ne souhaitais pas dévoiler l'elfe papillon. A cette pensée que j'avais de l'elfe papillon, Mélisse réagit.
- "Une des elfes est devenue papillon ? Ce n'est pas normal. Dit moi tout."
- "Je ne sais rien." Répondis-je en tremblant.
J'avais peur de rester coincé dans cette histoire et j'avais promis à l'elfe papillon de ne rien dire.
- "Tu mens. Je le sens. La situation est grave, tu sais. L'esprit que je combat est coriace, il n'est pas venu pour faire le bien. Mes coups d'épée ne pourront pas être d'une efficacité sur le long terme".
Elle reprit sa respiration.
-"J'ai besoin de l'aide d'autres elfes. Cours les chercher. Fais vite, le temps nous est compté."
Je m'élançais à travers la forêt, cherchant l'elfe de la renaissance et l'elfe qui maîtrisait les nuages, la lune et le soleil. Rien. Je ne voyais plus aucune trace de leur présence.
Après avoir couru pendant des heures et des heures, je tombais de fatigue. Je me laissais choir au milieu d'une clairière. Elle était là, au milieu d'un chemin qui mène à un petit étang où croassait des couples amoureux de grenouilles et de crapauds.
Je me relevais.
Modèle : Mélisse Sandre
Elle revenait du fin fond de la forêt et c'est peu dire car la forêt était grande.
Elle se pressait comme si elle avait un train à prendre et que l'heure tournait. Elle faisait des grands pas et j'entendais son souffle qui se rapprochait de moi.
Elle ne fit que passer.
L'arme à la main, elle savait où elle allait. Il n'y avait pas de temps à perdre et à passer en discussion. L'heure semblait grave et toutes les elfes s'étaient donné rendez-vous.
Je ne savais pas où.
Je la suivais.
Modèle : Brune Yssande
Lorsque je les retrouvais enfin, elles étaient là, rassemblées, l'air apaisées. Elles avaient fait disparaitre 'la chose'.
Je crois que jamais je ne saurai de quoi il s'agissait.
Elles semblaient heureuses. Je n'avais pas envie de leur poser de questions. Au fond de moi, je savais qu'il me faudrait une autre quête pour découvrir leur secret.
Elles me montrèrent le chemin du retour. Je fis trois pas avant de me retourner. Elles avaient gardé leurs sourires naturels et des yeux bienveillants. Je leur accordais un sourire attristé.
Je fis encore quelques pas avant de me retourner à nouveau.
Elles n'étaient plus là.
Modèles : Brune Yssande, Mélisse Sandre, Léa Millot, Veronique France, Anne Delauney-Ladevèze
Sur le chemin de retour, la nuit commençait à tomber, le soleil montrait son plus bel éclat de sang et de feu. Un vent léger soulevait la poussière de l'été. Je songeais à mes elfes et à leur secret. Que s'était-il passé ? Pourquoi le passage s'était-il ouvert ? Avaient-elles réussi à le refermer ? Comment ?
Plongé dans mes pensées, mon pas était lourd, le cuir de mes chaussures amassait une poudre blanche de terre desséchée. Je n'entendais pas les oiseaux ni les flûtes du vent. Je marchais, tête baissée, un bras ballant, l'autre dans la poche du pantalon.
De temps en temps, je portais la main près du menton, me caressai la barbe. Je n'avais pas de réponses à mes questions.
Une fleur jaune dans l'herbe verte fit sortir mon esprit de la torpeur. Pourquoi cette fleur jaune bougeait tant. Il n'y avait pas de vent ou si peu. Elle ne devait pas frémir ainsi.
C'est alors que des êtres légers, aux ailes flamboyantes passèrent sur le chemin. Elles semblaient s'enfuir du bois que j'avais quitté.
Devant elles, la poussière que le soleil rougeoyait, s'électrisait en volutes et motifs spiralés. Pas le temps de leur parler, elles disparurent au loin laissant derrière elles de drôles de cercles blancs.
Je restais coi. figé au bord du chemin comme une statue de sel biblique, mon esprit me commandait de revenir sur mes pas.
Modèles : troupe Liberta - Savie Danse
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